Tireur d'élite


Sur le terrain, le Nashorn souffre des limitations tactiques inhérentes au concept même du panzerjäger. Le débattement latéral limité de sa pièce, 15° à gauche et à droite, le rend peu efficace dans les combats à courte portée. Ainsi, une fois la cible sortie de la ligne de mire du canon, le pilote doit repointer le tube en jouant sur les chenilles. Son mince blindage lui interdit tout duel avec un autre char et l'absence de toit le rend très vulnérable aux attaques d'infanterie et aux tirs de mortiers. Sa taille et sa silhouette en font aussi un engin difficile à camoufler tout en le rendant bien peu discret aux yeux des tireurs adverses. Sa faible dotation en munition, même si ces dernières sont redoutables, limite aussi sa faculté à occuper le terrain dans le temps.

L'imposante Pzgr.39/43 pèse 10,4 kg et atteint la vitesse initiale de 1000m/s
L'imposante Pzgr.39/43 pèse 10,4 kg et atteint la vitesse initiale de 1000m/s

Sa mobilité est aussi loin d'être excellente. Son centre de gravité très haut limite ses performances en tout-terrain et, comme le Panzer IV dont il partage le châssis, la faible largeur de ses chenilles ne facilite pas la vie de l'équipage sur sol gras. Enfin sa sous-motorisation chronique accélère l'usure du bloc propulseur et tend à faire grimper la consommation en flèche lorsque le pilote sollicite la mécanique.

Le camouflage est primordial pour sa survie. Ici, il semble insuffisant malgré les marquages de victoires sur le canon
Le camouflage est primordial pour sa survie. Ici, il semble insuffisant malgré les marquages de victoires sur le canon

De tels défauts limitent certes son potentiel sur le champs de bataille mais le Nashorn n'en reste pas moins un chasseur de chars extrêmement efficace grâce à son canon de 88mm L/71 couplé à une lunette de visée de qualité. Sa portée et sa précision permettent de réduire les handicaps de sa faible manœuvrabilité et de sa casemate fixe et faiblement blindée. La distance effective d'un canon de 85mm du T-34/85 ou de 122mm de l'IS-2 ne dépassant pas les 1000m faute d'optiques de tir suffisamment performantes, le Nashorn dispose d'un différentiel en sa faveur d'au moins 1 km. Cela permet à son équipage d'ouvrir le feu avec une marge de sécurité conséquente. Toutefois, un coup heureux de l'ennemi à longue distance peut irrémédiablement mettre hors de combat un Nashorn.

Confondu entre deux isbas, ce Nashorn peut profiter sereinement de l'allonge de son canon
Confondu entre deux isbas, ce Nashorn peut profiter sereinement de l'allonge de son canon

L'IS-2 se révèle cependant un adversaire de taille car son blindage frontal est capable de résister à des coups de 88mm portés à longue distance. La grande cadence de tir du Nashorn, 10 coups par minute, lui permet toutefois de prendre l'ascendant sur l'IS-2. Martelé par des projectiles perforants, il est douteux que l'équipage du char lourd soviétique puisse continuer le combat. La plupart du temps, les équipages soviétiques préféraient alors rompre le combat voire abandonner leur machine si les ondes de choc l'avaient trop endommagé.

Clairement, le Nashorn est taillé pour le front de l'Est et ses immenses compartiments de combat. Déployés dans le secteur de Koursk en juillet 1943, les "Rhinocéros" ne participent que très peu à la bataille, 45 engins opérant seulement en appui. Mais ce n'est que partie remise ! Profitant des espaces offerts par les steppes, les unités de Nashorn vont réaliser un véritable carton en position défensive. Les coups aux buts à très longue distance ne sont d'ailleurs pas rares et les équipages revendiquent nombres de T-34, SU-152 et autres ISU-122 détruits à des distances supérieures à 4 km.

Les immenses steppes russes sont parfaites pour le Pak 43
Les immenses steppes russes sont parfaites pour le Pak 43

Sur le front de l'Ouest, malgré un terrain moins favorable, les Nashorn vont tout de même traiter sans aucune difficulté les Sherman et Cromwell se présentant face à eux. D'ailleurs les Alliés auront toutes les peines du monde à venir à bout de ce chasseur de chars. Les pertes sont en effet davantage causées par des erreurs dans les tactiques d'engagement, si bien qu'à partir du mois de mars 1944, les ordres doivent être validés par le commandant des unités lui-même afin d'endiguer les sévères pertes des mois passés.


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