S'adapter à la situation tactique


Les premières versions de l’A12 se battent en France pendant la campagne de 1940. Elles sont caractérisées par leur mitrailleuse Vickers 7,7 mm coaxiale refroidie par eau et une queue de franchissement pour améliorer les performances en matière de franchissement de tranchées. Ces dernières vont rapidement être retirées car l’heure n’est plus à la guerre des tranchées mais au mouvement.

Après le désastre franco-britannique, l’urgence est de rapidement reconstituer une Arme Blindée, perdue dans les heures sombres du printemps 1940. Aussi, la production du char Matilda II continue sans grandes modifications, excepté l’armement secondaire qui voit la mitrailleuse Vickers remplacée par un modèle tchèque ZB désignée BESA par soucis de standardisation. Cette dernière est refroidie par air, permettant ainsi le retrait du système de refroidissement par eau du modèle Vickers. L’évent est également supprimé au profit d’un extracteur de fumée dans le compartiment de combat. Cette version prend la désignation Matilda II Mk II.

Ces équipages font une halte dans un bois avec leurs Matilda. Ce dernier va voir son armement évoluer pour gagner en efficacité
Ces équipages font une halte dans un bois avec leurs Matilda. Ce dernier va voir son armement évoluer pour gagner en efficacité

Le Mk II à peine rentrée en production, déjà le bureau d’études se penche sur le problème de motorisation. A partir de ce moment, le Matilda I (A11) n’était plus ni en production ni en service, les A12 prennent désormais le nom de Matilda sans suffixes autre qui celui désignant la version caractérisée par l’abréviation Mk.

Suite aux retours d’expérience de la campagne de France, il est nécessaire de trouver un nouveau moteur plus puissant. Le moteur choisit est un 7 litres Leyland développant 95 cv. Toujours monté en binôme, cette modification permet d’augmenter la puissance de près de 9%. Cette version remotorisée est désignée Mk IIa. La différence la plus notable extérieurement est l’ajout d’une deuxième conduite d’échappement courant sur le flanc et l’arrière du blindé.

La version Close Support armé de l'obusier de 76,2 mm prend la désignation Mk III
La version Close Support armé de l'obusier de 76,2 mm prend la désignation Mk III

Il apparaît également que les moteurs qui ne sont solidarisés au châssis que par 3 points de fixation vibrent énormément. Un système d’encrage plus rigide est mis en place. Les ingénieurs en profitent pour revoir aménagement des blocs moteurs si bien qu’un réservoir plus grand peut être adopté. Ce modèle porte la désignation Mk IV, pour lequel il existe également une version «Close Support».

La dernière version, Mk V, se distingue par la pose d’un tourelleau du chef de char plus bas et d’une servocommande pneumatique au dessus de la boîte de vitesse permettant de facilité le changement de rapport. Notons également que sur les deux dernières versions, une capsule d’éthane peut être insérée directement le carburateur pour faciliter le démarrage à froid et au températures très basses. Particularité très utile pour un blindé combattant sur le front de l’Est sous couleurs soviétiques dans le cadre du Prêt-Bail liant les États-Unis, l’Angleterre et l’URSS.

Ce Matilda estampillé de l'étoile Rouge donne l'assaut en accompagnement de l'infanterie soviétique
Ce Matilda estampillé de l'étoile Rouge donne l'assaut en accompagnement de l'infanterie soviétique

A partir de 1942, si la cuirasse de 78 mm d’épaisseur résiste de plus en plus difficilement aux nouvelles munitions perforantes allemandes, le canon de 40 mm devient quant à lui l’équivalent d’un pistolet à petit pois contre les nouveaux Panzers. Le War Office demande donc une étude pour intégrer un canon de 57 mm en tourelle. Cette dernière conçue volontairement de petite taille, pour économiser du poids, est trop exiguë pour accueillir le nouveau tube. Désabusés mais pas découragés, les ingénieurs tentent de monter la tourelle initialement prévu pour le Cromwell. Le montage est toutefois impossible de réaliser la fusion des deux ensembles sans refondre la structure car les dimensions des puits de tourelle ne correspondent pas.

Le montage du canon de 57 mm via une autre tourelle est incompatible avec une production en série
Le montage du canon de 57 mm via une autre tourelle est incompatible avec une production en série

Le projet est donc abandonné, même si un prototype est construit. Il semble, à l’analyse des photographies que pour parvenir à installer la nouvelle tourelle, un anneau plus grand ait été fixé au-dessus du châssis. En tout cas, l’aventure en restera là.


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