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Le 8e Régiment de Hussards, familier maintenant de son blindé de reconnaissance, est débarqué en Algérie à la mi-août 1955 pour y être aussitôt engagé dans le Constantinois dès la fin du mois, dans le cadre de l’opération «Herse», le long de la frontière marocaine.

D’autres régiments sont également dotés d’EBR, comme les 1er, 2e, 3e, 4e et 5e Hussards et le 1er Régiment Étranger de Cavalerie stationné en Algérie. D’ailleurs, en 1958, ce dernier effectue un raid de 6000 km dans le Sahara, de Constantine à Tamanrasset. Ce raid a pour but de familiariser les équipages avec leurs nouvelles montures et de les tester en milieu hostile et sur longue distance. Pour la circonstance, les roues agricoles sont démontées sur une partie des blindés et remplacées par des roues normales dotés de pneumatiques, permettant ainsi de faire office de roues de secours.

Cet EBR, dont les roues agricoles ont été remplacées par des roues avec pneumatique, traverse le désert pour former son équipage
Cet EBR, dont les roues agricoles ont été remplacées par des roues avec pneumatique, traverse le désert pour former son équipage

Lors de la guerre d’Algérie, pas moins de 340 EBR sont déployés au sein des régiments de hussards, de spahis, de chasseurs à cheval ou d’Afrique. 148 le sont le long de la ligne «Morice» en mission de patrouille, de bouclage de zone, ou d’appui feu au profit des unités d’infanterie. Grâce à sa souplesse d’emploi et sa vélocité, l’EBR va aussi servir aux escortes de convois. Son inverseur lui permet de rapidement remonter une colonne prise à partie sans faire demi-tour sur la piste.

Le blindé léger sera employé sur toutes les opérations en Algérie
Le blindé léger sera employé sur toutes les opérations en Algérie

Malgré des défauts inhérents à une technologie avant-gardiste pour l’époque et pas toujours maîtrisée, l’EBR rencontre un franc succès auprès des équipages, même si les pilotes et inverseurs doivent être habitués à avoir les pieds dans l’huile de fond de caisse, les fuites du complexe circuit hydraulique étant légion. Les défauts de jeunesse, en partie gommés par les ingénieurs, n’empêche pas l’EBR d’être toujours d’une grande fragilité, entraînant des accidents de la route plus ou moins graves.

L’EBR finit sa prestigieuse carrière en 1984 au 8e Régiment de Hussards à Altkrich, unité dans laquelle il l’avait commencée à Epernay près de 30 ans auparavant.

Belle mise à l'honneur de ce char hors du commun
Belle mise à l'honneur de ce char hors du commun

L’EBR a été sacrifié sur l’autel de la guerre chimique, car il ne disposait pas de système de pressurisation qui équipe son successeur, l’AMX-10 RC, qui d’ailleurs sera remplacé dans un futur pas si lointain par l’EBRC (Engin Blindé de Reconnaissance et de Combat) toujours produit par Panhard, aux environs 2025.

Fait à mentionner : l'EBR a été le char choisit pour transporter le cercueil du général De Gaulle le 12 novembre 1970 entre la Boisserie et l'église de Colombery-les-deux-Eglises. Cet EBR; numéro 2880075 du 4e régiment de Hussard, détourellé pour la circonstance, est aujourd'hui exposé au Musée des blindés de Saumur avec sa tourelle remontée.

L'EBR est choisit pour transporter le cercueil du général De Gaulle, signe de l'attachement de la nation à ce char atypique
L'EBR est choisit pour transporter le cercueil du général De Gaulle, signe de l'attachement de la nation à ce char atypique

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