Hitler brouille le jeu


Le 26 mai 1941, lors d’une conférence, Adolf Hitler réunit les responsables de l’armement. Le Führer a en effet décidé de s’impliquer significativement dans la conception du futur char lourd. L’opération Barbarossa va débuter et il faut rapidement donner à la Panzerwaffe les moyens de détruire efficacement les KV-1 ainsi que les inattendus T-34 qui vont donner du fil à retordre aux Allemands.

Dans un premier temps il maintient la compétition en Henschel et Porsche pour forcer les ingénieurs à donner le meilleur d’eux mêmes. Les délais de livraisons sont également raccourcis et 6 prototypes doivent être opérationnels au plus tard à l’été 1942.

Les T-34 sont la mauvaise surprise des tankistes allemands. Bien que peu nombreux encore sur le front, ils opposent une résistance farouche aux Panzer III et IV
Les T-34 sont la mauvaise surprise des tankistes allemands. Bien que peu nombreux encore sur le front, ils opposent une résistance farouche aux Panzer III et IV

Après avoir analysé les projets des différents protagonistes, 4 nouvelles directives techniques sont édictées. Les cuirasses prévues sont jugés insuffisantes et un minimum de 100mm de blindage frontal et 60 à 80mm sur les flancs doit être proposé. La protection de la partie avant inférieure doit aussi faire l’objet de toutes les attentions. Le 28 mai, il est également spécifié que le prototype de Henschel devra intégrer le dispositif Vorpanzer destiné à protéger les chenilles, les barbotins et le bas de la caisse avant.

En ce qui concerne l’armement, il est exigé que l’équipage puisse compter sur un canon capable de percer une plaque d’acier de 100mm d’épaisseur à 1500m de distance. Soit environ les performances balistiques nécessaires pour détruire un KV-1 avant que celui ci ne devienne dangereux pour les panzers. Pour ne pas froiser Porsche qui a déjà signé avec Krupp, il est convenu d’installer son canon de 88mm. Ce dernier n’affichant pas tout à fait les performances souhaitées, il est toutefois laissé une porte ouverte pour Rheinmetall et son canon de 88mm Flak 41, sous réserve qu’il puisse s’intégrer dans la tourelle du futur panzer lourd.

Après l'invasion de la France, le char lourd KV-1 soviétique devient la cible à abattre
Après l'invasion de la France, le char lourd KV-1 soviétique devient la cible à abattre

Chez Henschel, le prototype VK 36.01 (H) est sur les rails. Hitler demande à ce que l’on examine la possibilité de monter le canon à très haute vitesse initiale Waffe0725, capable de perforer 149mm d’acier à 1500mm grâce à un obus lancé à 1125m/s. Cette vitesse est obtenue par rétrécissement progressif du tube, de la culasse à la bouche. Cette technique comprime l’obus et permet ainsi d’accélérer sa vitesse à la sortie du tube. Cependant, pour utiliser ce canon, il faut utiliser 1 kg de tungstène pour fabriquer l’âme de chaque obus. Or le tungstène est une ressource rare qui sert principalement aux machines outils et participent donc à l’effort de guerre allemand. Cette option est alors écarté au profit du canon de 88mm plus classique.

Maquette du VK 36.01 (H) dans les usines d'Henschel
Maquette du VK 36.01 (H) dans les usines d'Henschel

Hitler se penche enfin sur les capacités d’un engin de 40 tonnes à passer les ouvrages d’art soviétiques. Pour que les déplacements du blindé ne soient pas trop handicapés par la faiblesse des moyens de franchissement du Génie, il demande à ce que le char puisse s’affranchir des coupures humides, en d’autres termes à ce qu’on le rende submersible.

Autre vue de la maquette du prototype d'Henschel
Autre vue de la maquette du prototype d'Henschel

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