S'il est admis que le char B1 Bis était une prouesse technologique et opposa une résistance farouche aux allemands en mai 1940, peu savent pourtant que sa conception remonte 19 ans avant son engagement opérationnel sur le front de France.

Au lendemain de la victoire de 1918, la France, précurseur dans la conception des blindés à tourelle, comprend que l'histoire des chars ne fait que commencer et que le courageux FT-17 ne suffira pas pour faire face à la mécanisation future des armées d'Europe. Il est vrai que ce dernier ne possède aucun pouvoir anti-bunker en comparaison à Mark IV britannique ou l'A7V allemand, tous deux équipés de canons.

Le Général Estienne, alors chef de la Section technique des chars de combat et depuis la fin de la guerre, champion de l’arme blindée lance un appel d'offre en 1921 pour la conception d'un véhicule blindé pesant 15 tonnes et armé d'un canon de 47 mm ou 75 mm sous casemate. Le cahier des charges s'oriente inévitablement vers un char d'accompagnement d'infanterie. Cette doctrine d'emploi limite l'engagement des chars les uns contre les autres, une vision encore peu répandue.

Le 13 mai 1924, quatre prototypes sont testés. Renault aligne 2 démonstrateurs, le SRA et SRB tandis que les firmes FCM et FAMH-Delaunay complètent la liste des prototypes. Au cours de ces décevants essais, il apparait que seul le train de roulement du FCM donne satisfaction.

Devant le manque de résultat des ingénieurs, le Général Estienne fini par trancher en prenant le meilleur de chaque modèle présenté. Il décide d'utiliser la base des démonstrateurs Renault et d'y ajouter le train de roulement efficace du FCM-21 et la suspension pneumatique du prototype de FAMH. Le blindage latéral est porté à 25 mm et 15 mm pour le toit et le plancher.