Guerre de mouvement


Cette réussite que constitue l’EBR est le fruit de l’association de deux firmes, elles aussi avant-gardistes : André Citroën et Panhard/Levassor. Cette dernière fabrique toujours, de nos jours, des véhicules blindés légers pour le compte de l’Armée française et pour l’exportation. Cette coopération débute dès 1911, époque à laquelle Panhard produit pour le ministère de la Guerre trois voitures blindées légères, dotées de mitrailleuses, utilisées dans les opérations de pacification au Maroc.

Hormis ces trois mitrailleuses, la société Panhard et Levassor n’étudie pas, durant le première guerre mondiale, de véhicules de combat, se contentant de produire des moteurs équipant les chars lourds Saint-Chamond.

Les techniciens sont en train de poser le bloc Panhard dans ce Saint-Chaumont en construction
Les techniciens sont en train de poser le bloc Panhard dans ce Saint-Chaumont en construction

Au lendemain de l’armistice de 1918, la guerre de position n’est plus à l’ordre du jour, et de nouvelles théories font leur apparition, comme la guerre de mouvement. Cette nouvelle conception nécessite l’emploi de véhicules légers de reconnaissance.

Panhard va être sollicitée par le ministère de la Guerre pour développer, dès 1923, ce type de blindés dénommé «automitrailleuse de cavalerie». Les premiers prototypes, appelés Panhard 175, sont assemblés en 1927 et sont envoyés dans le désert marocain pour y être testés. A la même époque, le ministère de la Guerre passe commande à Panhard de trois véhicules de reconnaissance.

Le Panhard 175, premier véhicule blindé produit par Panhard
Le Panhard 175, premier véhicule blindé produit par Panhard

Le premier est l’AMR pour Auto-Mitrailleuse de Reconnaissance, destinée à remplir des missions d’éclairage à courte distance le long des axes.

Le second est l’AMD pour Auto-Mitrailleuse de Découverte, réservée aux missions de renseignements dans la profondeur, toujours sur et le long des axes.

Le troisième est l’AMC pour Auto-Mitrailleuse de Combat, dont la fonction est d’appuyer l’infanterie.

Mais très vite Panhard met tous ses efforts dans le développement de l’AMD, pour la plus grande satisfaction de l’état-major français qui ne cesse d’entendre des bruits de bottes de l’autre côté du Rhin et qui comprend la nécessité impérieuse d’avoir dans ses rangs un tel engin à des fins de renseignements.

Ainsi apparaît l’AMD 178, qui est une réussite totale. Ce véhicule présente des solutions novatrices, comme l’implantation du moteur à l’arrière droit, deux postes de pilotage, quatre roues motrices, des suspensions semi-elliptiques à lames de ressorts et des roues de grand diamètre procurant une telle aisance en tout-terrain que les prescriptions du cahier des charges sont égalées, voire dépassées.

L'AMD 178 est plébiscité par les soldats français qui le voient comme un matériel moderne et efficace
L'AMD 178 est plébiscité par les soldats français qui le voient comme un matériel moderne et efficace

D’ailleurs, les Allemands ne vont pas s’y tromper et font main basse sur 190 AMD 178 françaises restant à l’issue de la campagne de France. Dénommées Panzerspähwagen P 204 (f) au sein de la Wehrmacht, elles sont utilisées en Union soviétique et dans les Balkans dans le cadre d’opérations de police.


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