L'après guerre


Dans le cadre du réarmement de la future Armée française qui doit s’opérer au lendemain du second conflit mondial, le ministère de la Défense décide de doter les forces armées d’un nouveau véhicule de reconnaissance de construction nationale. Cette démarche a deux but distincts : le premier est de remplacer le parc de véhicules américains type AMM8 encore en service, et le second d’entretenir les savoir-faire des ingénieurs français dans un domaine où ils n’étaient pas en reste en termes d’innovation avant le conflit.

Cette automitrailleuse AMM8 se trouve en bien mauvaise posture
Cette automitrailleuse AMM8 se trouve en bien mauvaise posture

Le 23 mars 1945, le ministère de la Défense demande à 4 firmes, dont Panhard, de mettre au point un engin blindé de reconnaissance reprenant la silhouette et les innovations du Type 201. Les autres entreprises qui prennent part à la compétition sont Latil, Lorraine et Hotchkiss, avec une proposition basée sur un blindé à 6 roues motrices. Le cahier des charges, qui établit toutes les spécificités, est terminé en juillet 1945.

L’équipe d’ingénieurs de chez Panhard, sous la direction du chef de projet Louis Lagarde, se met aussitôt au travail. Elle ne part pas d’une feuille vierge et prend une net avantage sur ses concurrents. Elle réussit, dans le contexte difficile de l’immédiat après-guerre, le tour de force de construire deux prototypes qui prennent le nom de Type 212.

Le Type 212 reprend à son compte une grosse partie des innovations du Type 201 d'avant-guerre
Le Type 212 reprend à son compte une grosse partie des innovations du Type 201 d'avant-guerre

Ces études et développements sont néanmoins financés par les États-Unis par le biais du plan Marshall. En retour, les Américains vont exiger de recevoir un exemplaire à des fins de tests dans le centre d’essai d’Aberdeen Proving Ground. C’est ainsi qu’un EBR va traverser l’Atlantique afin d’être évalué et faire l’objet d’une étude minutieuse.

Le prototype de Panhard est ensuite présenté à l’Armée française en juillet 1948, et celui de Hotchkiss en mars 1949. Un exemplaire de Panhard est alors remis au 1er Régiment de Spahis stationné à l’époque à Tours pour une période d’essai, en septembre 1949. En décembre, suite aux tests qui ont donné entière satisfaction, le véhicule est adopté. Il ne tarde pas à être renommé EBR Modèle 1951.

Les grandes lignes sont rapidement définies et très vite l'EBR est adopté par l'Armée française
Les grandes lignes sont rapidement définies et très vite l'EBR est adopté par l'Armée française

La caractéristique première, qui séduit les militaires est sa furtivité, qualité essentielle d’un engin de reconnaissance. Elle est due à l’abaissement de son centre de gravité, engendré par l’implantation du moteur au centre de la caisse et sous la tourelle, renforçant son aisance en tout-terrain. Cette caractéristique permet aussi d’avoir un véhicule parfaitement symétrique en termes d’agencement intérieur : un pilote à l’avant, l’autre à l’arrière, et la tourelle biplace au centre surmontant le moteur.

Cet EBR embarque pour l'Algérie, premier fait d'arme du blindé de reconnaissance
Cet EBR embarque pour l'Algérie, premier fait d'arme du blindé de reconnaissance

Fait étonnant, lors du défilé du 14 juillet 1951 sur les Champs-Élysées, ne participent que des prototypes, au grand étonnement des ingénieurs Panhard présents qui ne s’attendaient pas à voir ces matériels de présérie descendre cette avenue, d’ailleurs sans aucun problème, puisque la production avait débuté de manière officielle en août 1950 pour s’achever en 1960.


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