Doubler les russes


En mai 1945, lorsque l’Allemagne nazie est enfin vaincue, l’US Army s’engage progressivement dans un processus de désarmement massif. L’URSS ne se pose pas encore en ennemi potentiel et, surtout, l’apparition de la bombe atomique semble sonner le glas des matériels conventionnels. La guerre de Corée démontrera pourtant tout le contraire aux troupes américaines. Face aux T-34/85, les divisions blindées de l’Oncle Sam alignent des M4 Sherman et des M26 Pershing. Bien que capables de concurrence l’ultime version du T-34, les blindés lourds US, équipés d’un canon M41 de 90 mm, avèrent inférieurs à la dernière génération de chars soviétiques, dotés d’un tube de 100 mm. Se laissant, prendre de vitesse par le bloc communiste, les Etats-Unis semblent être sur le point, encore une fois, de perdre la course à l’armement dans le domaine de l’artillerie antichar. Pour contrer cette menace, les américains décident de répliquer, via une réponse technologique. Pour le Pentagone, les pièces d’artillerie sont en train d’être dépassées par les missiles, il suffit donc de les adapter au Main Battle Tank.

La puissance des tubes américains de 90 mm conçu à la fin de la guerre ne sont pas au niveau des nouveaux canons de 100 mm soviétiques
La puissance des tubes américains de 90 mm conçu à la fin de la guerre ne sont pas au niveau des nouveaux canons de 100 mm soviétiques

Si la charge creuse a largement démontré son efficacité lors de la seconde guerre mondiale, elle se révèle pourtant inutilisable par des tubes à haute vitesse initiale. Par ailleurs, le mouvement de rotation imprimé par des tubes rayés contrarie la formation du jet de plasma, au moment où le détonateur touche sa cible. Si l’explosion ne se produit pas dans des conditions optimales, la tête HEAT ( High Explosive Anti-Tank ) perd une grande partie de son efficacité, au point de laisser son objectif intact.

En outre, la forme particulière de l’ogive limite sa portée à quelques centaines de mètres. En comparaison, une pièce d’artillerie classique affiche de meilleures performances, grâce à sa faculté à atteindre des objectifs à des distances supérieures à 2 km. Cette technique prometteuse paraît alors devoir se cantonner aux lance-roquettes et autres canons sans recul.

Employés massivement et avec une puissance de feu supérieure, les T-54 inspirent la crainte chez les dirigeants américains
Employés massivement et avec une puissance de feu supérieure, les T-54 inspirent la crainte chez les dirigeants américains

La mise au point des missiles portables aptes à frapper des objectifs éloignés de plusieurs kilomètres relance l’intérêt de l’US Army pour les systèmes HEAT ; sans compter que les ingénieurs continuent de faire des progrès considérables, si bien que leur capacité de perforation ne fait que croître. Théoriquement, ils ont le pouvoir de percer de 5 à 7 fois le diamètre du cône formant le jet.


Partagez un peu d'Histoire