La Zimmerit


Introduite à partir de décembre 1943, la zimmerit est un revêtement recouvrant les chars allemands contre les mines magnétiques. Cette étrange pâte, dont la composition exacte est toujours inconnue, tient son nom de la firme allemande qui l'a inventée, Chemische Werke Zimmer AG.

 

Pour autant, le danger des mines magnétiques n'est pas très élevé durant la seconde guerre mondiale. Les armées soviétiques et américaines en sont pourtant dotées en grand nombre mais très peu utilisées. Les fusils antichars et les nouveaux bazookas américains sont bien plus appréciés sur le front car bien plus flexibles d'emploi que les mines. Seule l'Allemagne en utilise en grand nombre pour ses dispositifs défensifs.

Le char Tigre exposé au Musée des blindés de Saumur aborde l'application type "crête", la plus répandue
Le char Tigre exposé au Musée des blindés de Saumur aborde l'application type "crête", la plus répandue

La zimmerit est ainsi badigeonnée de façon inégale et très souvent par motifs sur la totalité du char et empêche un contact direct entre l'acier et l'engin explosif. La différence d'épaisseur lors de l'application de la pâte réduit l'attraction magnétique et permet de faire tomber la mine simplement par son poids et aux vibrations du véhicule. La zimmerit n'est portant pas anti-magnétique, mais empêche simplement l'explosif de se coller sur la coque du blindé et donc de provoquer son explosion.

Elle permet également de casser les grandes surfaces planes des panzers de façon à en atténuer les reflets. Autre application non soupçonnée, elle fait aussi office de régulatrice de température à l'intérieur du compartiment de combat lorsque la température devient très basse.

Ce Panzer IV, toujours du Musée des blindés, affiche un dessin plus rare avec crêtes verticales
Ce Panzer IV, toujours du Musée des blindés, affiche un dessin plus rare avec crêtes verticales

On retrouve la zimmerit sur la plupart des chars allemands et surtout sur les canons automoteurs. Le schéma d’application le plus courant est en forme de crête comme sur les chars Tigre ou les panzers IV et V, mais il existe d'autres schémas plus originaux comme un motif gaufré présent sur les Stug III. Il n'existe pas la preuve qu'un motif soit plus performant qu'un autre, ce qui donne un aspect artistique au concept. La zimmerit est appliquée majoritairement en usine, et dans de rares occasions sur le terrain, c'est pourquoi la très grande majorité des chars produits avant décembre 1943 n'en seront jamais dotés.

Ce StuG III utilise le motif gaufré pour son revêtement
Ce StuG III utilise le motif gaufré pour son revêtement

L'application est interrompu définitivement le 9 septembre 1944. La raison officielle évoque les facultés de la pâte à s'enflammer en cas d'impact. Cette explication se révèle fausse mais l'ordre de suspension ne sera jamais levé. Il est en revanche bien plus probable que l'application de la zimmerit soit arrêté à cause de son temps de séchage de plusieurs jours, retardant de ce fait l'acheminement des chars neufs vers les zones de combat. En effet, en septembre 1944, la wehrmacht n'a pas les moyens de laisser sécher sagement ses chars en usines tant le contexte devient difficile sur le front de l'Est comme sur le front de l'Ouest et que la pénurie de chars opérationnels est alarmante.

La couche de zimmerit n'est pas épaisse et empêche juste le contact direct d'un explosif avec la coque
La couche de zimmerit n'est pas épaisse et empêche juste le contact direct d'un explosif avec la coque

A la fin de la guerre, la Grande Bretagne teste tout de même sa propre version de zimmerit mais les recherches sont abandonnées car l'utilisation massive et généralisée des lance-roquettes antichar rend l'usage des mines magnétiques obsolète.


Partagez un peu d'Histoire