Le Blindage Réactif


Pour palier aux nombreuses innovations et améliorations en matière de munitions perforantes, les chars modernes se doivent de s'adapter pour leur survie. Les charges creuses et les obus flèches à pénétrateur en tungstène sont désormais très courant et affichent un pouvoir de perforation bien supérieur à ce que des plaques de blindages simples peuvent opposer. C'est de ce besoin qu'est né le blindage réactif.

Il existe 3 types de blindages réactifs connus à ce jour.

Le blindage réactif explosif est le plus répandu dans les armées. Le principe est l'ajout sur la structure du char de plaques des blindages légères placées en "sandwich" autour d'un bloc d'explosif, le tout sous la forme de briques. A l'impact, l'explosif se déclenche, projetant la plaque avant vers le dard en fusion. Cette action a pour effet de couper le dard et donc de diminuer très fortement son pouvoir pénétrant. La deuxième plaque , acollée au char, ne sert qu'a protéger le char de l'explosion.  Elle impose aussi à la charge creuse la perforation d'une plaque neuve alors que son pouvoir de pénétration est brisé, augmentant d'autant la survie du char. Dans le cas d'un obus pénétrant simple la plaque projetée dévie le projectile et peut éventuellement le casser. Le blindage réactif ne réagit qu'aux impacts violents. Il ne se déclenche donc pas si on tire à la mitrailleuse 12,7mm dessus.

Ce T-72 soviétique utilise massivement les briques constituant le blindage réactif
Ce T-72 soviétique utilise massivement les briques constituant le blindage réactif

L'utilisation de ce système a pourtant des inconvénients majeurs. D'une part, l'explosion du blindage réactif crée très fréquemment des nuages d'éclats autour du char, blessant gravement l'infanterie accompagnante. Cela rend ainsi très dangereux l'emploi rapproché de l'infanterie et de chars portant cette protection. D'autre part, son utilisation est impossible sur les parties les moins protégées d'un char de combat. L'explosion importante nécessite le montage des briques sur des parties suffisamment blindées pour encaisser la détonation sans quoi le dispositif risque d'endommager le char et blesser l'équipage.

Le blindage réactif non explosif fonctionne de la même manière que le blindage explosif à l'exception que la couche d'explosif est remplacée par une couche inerte comme par exemple du caoutchouc. Quand ce blindage est frappé par un projectile, une partie de l'énergie de l'impact est dissipée dans la couche inerte et la forte pression exercée provoque une courbure locale des plaques dans la zone d'impact. Le point d'impact du projectile se décale alors par rapport à la plaque augmentant l'épaisseur relative du blindage. C'est le même effet que le second effet du blindage explosif mais en n'utilisant que l'énergie de la charge creuse plutôt que celle de l'explosif du blindage. Cependant, ce blindage offre une protection moindre que celle du blindage explosif à taille similaire.

Autre type de brique montée sur ce T-80
Autre type de brique montée sur ce T-80

Par contre ils ne présentent aucun danger lors de leur manipulation et de leur utilisation avec de l'infanterie à proximité, car aucun éclat est généré. Les briques peuvent théoriquement être placés sur n'importe quelle partie du véhicule et peuvent être disposés en plusieurs couches si nécessaire. Un des avantages clés de ce type de protection, c'est sa capacité à résister aux charges creuses tandem.

Le blindage réactif électrique est une nouvelle technologie, appelée aussi armure réactive électrique, toujours en développement. Cette armure est faite d'au moins deux plaques conductrices séparées par un espace ou un matériau isolant, créant un condensateur de haute capacité. En opération, une source générant une haute tension charge le blindage. Quand un projectile pénètre dans les plaques, il « ferme » le circuit, déchargeant le condensateur qui relâche sa charge électrique dans le projectile, le vaporisant ou le faisant passer dans un état de plasma, réduisant considérablement sa capacité de nuisance. Cette technique reste encore largement secrète sur la résistance qu'elle oppose aux charges creuses et aux projectiles cinétiques et n'a jamais encore été employée sur un théâtre de guerre.

N'importe quel véhicule blindé peut être équipé de ce système, à l'image de ce M2 Bradley américain
N'importe quel véhicule blindé peut être équipé de ce système, à l'image de ce M2 Bradley américain

Qu'il soit explosif, non explosif et électrique, le système de protection à l'avantage d'être très modulable et d'augmenter de façon importante la protection d'un blindé sans en augmenter significativement le poids. Toutefois, une brique enclenchée devient inutilisable et constitue un point faible pour le char avant son remplacement.

Ce M60 Patton est méconnaissable avec ses briques
Ce M60 Patton est méconnaissable avec ses briques

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