Une arrivée remarquée


La baptême du feu des Matilda I et II se déroule lors de la tentative avortée de percée des armées alliées encerclées dans le Nord de la France et en Belgique. A cette occasion, les chars britanniques attaquent l’une des divisions blindées ennemies, le 21 mai  1940 à Arras. Les Matilda y font une très forte impression sur les soldats allemands.

Lançant leur attaque vers 14h00, les blindés britanniques, composés de 58 Matilda I et 16 Matilda II, prennent de flanc les régiments d’infanterie motorisée de Rommel et la SS-Division «Totenkopf». Les obus des canons antichars et ceux de l’artillerie de campagne allemande n’ont que peu d’effets sur les épaisses cuirasses des chars d’infanterie. Tout au plus, ils provoquent des dommages superficiels avant de ricocher. Ce seront les pannes mécaniques et la fatigue des équipages de la British Expeditionnary Force qui provoqueront la fin de l’attaque à la nuit tombée.

Les chars Matilda Mk I et II sont déployés en France en 1940
Les chars Matilda Mk I et II sont déployés en France en 1940

Bien que le bilan de cette opération soit plus que mitigé, elle a un gros impact sur l’esprit du commandement allemand. Ainsi, le Général Rommel note dans ses célèbres carnets : «...de violents et coûteux combats se déroulaient dans le secteur Tilloy-Beaurains-Agny. De puissantes forces blindées avaient jailli d’Arras et s’étaient opposées à l’avance du premier bataillon du 6e Fusiliers, lui infligeant de grosses pertes en hommes et en matériel. Les canons antichars que nous mîmes rapidement en batterie se montrèrent bien trop légers pour agir efficacement contre les chars britanniques fortement blindés et la plupart d’entre eux furent mis hors de combat par l’artillerie adverse, ainsi que leurs servants, avant d’être écrasés par les blindés ennemis. Un grand nombre de nos véhicules furent brûlés. Des unités de SS voisines durent se replier vers le Sud sous le choc de l’attaque des blindés.»

Les moyens antichars allemands sont trop légers pour affronter les chars d'infanterie britannique, ce qui causera quelques sueurs aux autorités allemandes
Les moyens antichars allemands sont trop légers pour affronter les chars d'infanterie britannique, ce qui causera quelques sueurs aux autorités allemandes

L’attaque du 21 mai arrive à un moment critique du développement de la grande offensive allemande à l’Ouest et, de fait, le commandement de la Wehrmacht craint que ses unités blindées et mécanisées ne soient coupés de leurs arrières. C’en est au point que le général Guderian, dont les chars ont déjà atteint les côtes françaises près d’Abbeville, remarque immédiatement que son supérieur direct, Von Kleist, devient de plus en plus nerveux. Cette anxiété remonte la chaîne hiérarchique allemande et se répercute jusque dans l’entourage du Führer.

Le 24 mai, ce dernier ordonne aux Panzer Divisionen de stopper leur marche en avant, ce au moment même où les Panzer ne sont plus qu’à 16 km des installations portuaires de Dunkerque. Ces 48h de répit permettront aux Anglais de se ressaisir, d’établir une ligne défensive autour de la capitale de Flandres françaises et, finalement, leur donnera la possibilité de rembarquer une grande partie de leur force expéditionnaire.

Les Matilda suscitent la curiosité  des officiers allemands
Les Matilda suscitent la curiosité des officiers allemands

Certes, la bataille d’Arras n’a probablement pas été la véritable motivation de l’ordre d’arrêt hitlérien. Néanmoins, il apparaît comme indéniable que le Führer ait été inquiété par l’action britannique du 21 mai. Les Matilda venaient de faire leur entrée dans l’histoire des chars de la seconde guerre mondiale.


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