Pour sa part, l’Armée tchèque désire rapidement aligner un successeur au LT vz.35, car ce dernier, malgré les avancées technologiques embarquées ( notamment la très moderne direction pneumatique qui, ironiquement, ne causera pas de gros soucis de fiabilité ), pose de nombreux problèmes de fiabilité.
Cette demande est concrétisée en octobre 1937, et le 18 janvier 1938, dans un cadre politique très tendu, les essais commencent. Les militaires tchécoslovaques sont effectivement pressés de voir un vainqueur afin d’en débuter la production au plus vite. CKD présent tout d’abord son LT vz.34 amélioré, le prototype P-II-a, qui avait déjà été mis à l’épreuve face au S-II-a de Skoda ( futur LT vz.35 ) trois ans plus tôt. Bien qu’accueilli favorablement pour sa fiabilité générale et ses performances, le P-II-a est à nouveau critiqué pour la faiblesse de son blindage. Skoda propose deux prototype de S-II, munis d’une nouvelle boîte de vitesse et promet de présenter sous peu son S-II-a, un blindé apportant des solutions aux problèmes récurrents de fiabilité. Hélas, faute de temps, il ne verra jamais le jour.
Parallèlement, CKD redessine la tourelle de son TNHPS pour intégrer un chargeur et un canon Skoda de 37 mm approvisionné à 90 coups. Soucieux de passer les essais concernant le blindage, les ingénieurs l’augmentent jusqu’à 25 mm sur l’avant et le masque du canon, 15 mm sur les flancs et la tourelle et enfin 12,5 mm à l’arrière. En outre, une plaque de blindage de 5 mm sépare le compartiment de combat du compartiment moteur. La cuirasse principalement verticale ne favorise cependant pas les ricochets et l’assemblage par rivets n’est pas la solution la plus solide. En réalité, CKD mise plus sur son modèle lituanien qui aurait dû participer aux essais que cette version améliorée.
Au final, le TNHPS est sélectionné, et le 20 avril 1938, une commande de 150 exemplaires de ce qui allait être l’un des chars les plus emblématiques des bureaux d’études tchèques est passée. Les tension politiques poussent l’armée à porter la commande à 300 unités, mais du fait du prix unitaire élevé et des capacités limités de l’usine, le total reste finalement inchangé. Malgré les pressions militaires, les chaînes de production praguoises de CKD n’ont pas le temps de fournir un seul blindé, désigné LT vz.38 à l’Armée tchèque car l’usine fût occupée le 16 mars 1939. Les allemands découvrent 9 LT vz.38 terminés, ou presque, qui auraient dû être livrés peu après, ainsi qu’une centaine de blindés à divers stade d’achèvement.
Son important potentiel en fait l’équivalent du Panzer III de l’époque. De ce fait, il est récupéré sous la désignation LTM-38 ( pour LeichtenTank Muster 38 ). Il renforce avantageusement les contingents de Panzer I et II alors en service. CKD, rebaptisée BMM le 22 mars 1939, en reprend la production.