En 1943, face à l'emploi massif de fusils antichars dans les rangs de l'Armée Rouge, et de part sa menace croissante, la Panzerwaffe décide d'équiper une grande partie de ses chars avec les fameux Schürzen. En effet, ces fusils de calibre 14,5mm pullulent sur le front de l'Est et deviennent une véritable menace pour les équipages de char. Une balle tirée d'un de ces fusils vient à bout des flancs et de l'arrière de la majorité des blindés allemands à courte distance, rendant vulnérable les équipages et le train de roulement. Tabliers en allemands mais communément appelés "jupes" en français, les Schürzen désignent les panneaux d'acier installés sur les flancs de la plupart des panzers après 1942.
L'idée pour l'Armée allemande est de trouver un système de protection efficace, léger, et pouvant être monté facilement sur les chars, notamment directement sur le terrain. Le 20 février 1943, les premiers essais sont menés avec les Schürzen. Le montage de deux types de conception est testé face à un fusil antichar soviétique et face à des obus explosifs à faible vélocité. Les résultats sont inespérés aussi bien pour le modèle "grillagé" que pour le modèle à plaques d'acier pleines. Les 8mm d'acier sont percés mais, dans le meilleur des cas la munition antichar dévie entre les flancs et le Schürz. Dans le pire des cas, la munition touche le char mais son pouvoir de pénétration est brisé et ne parvient plus à percer les flancs du blindé.
Même les obus explosifs sont stoppés. En cas de coup direct, les Schürzen provoquent l'explosion de l'obus explosif à bonne distance du char pour lui garantir une protection optimale. Il n'est pas rare cependant qu'ils soient détruits et inutilisables après l'impact. Cependant, au regard du cahier des charges, les jupes répondent parfaitement à la demande de la Wehrmacht et sont immédiatement adoptées. Les modèles "grillagés", bien qu'offrants la même protection, seront tout de même plus rares car leur fabrication est plus complexe et ne seront déployés que plus tardivement.
Dès mars 1943, Hitler ordonne la pose de ces jupes sur les Panzer III et IV ainsi que sur les nouveaux Panther et StuG III. Les Schürzen sont ainsi déployés en grand nombre lors de la bataille de Koursk. Cette bataille va justement mettre en avant les défauts de ce système et notamment son système de montage.
En effet, malgré les différentes solutions de montage proposées et corrigées, le système de rail est difficile à installer et présente des défauts de taille. Tout d'abord, pour installer ces rails qui accueilleront les plaques d'acier, il faut percer le Panzer pour y accrocher le système de montage. Une opération délicate en campagne et qui provoque une fragilité de l'acier. Ensuite, pour une raison de rapidité de remplacement, les jupes ne tiennent que par des crochets sur les rails de montage, la raison pour laquelle les plaques avaient une tendance à être éjectées en cas d'impact. Enfin les rails de montage pour les modèles "grillagés" et pleins ne sont pas les mêmes et ne permettent pas d’inter-changer les jupes.
En 1944, les rails de montage sont abandonnés au profit des Schürzen directement boulonnés sur la caisse des Panther, Hetzer et certains StuG. Cette solution n'apporte aucune amélioration particulière mais permet de gagner du temps et des ressources en usine, à une période de pénurie en Allemagne.
L’apparition sur le front des modèles "grillagés" ne ce fait qu'en septembre 1944. Exclusivement montés sur les flancs des Panzer IV et des StuG IV, ils remplacent petit à petit les Schürzen à plaques d'acier. Équivalent en terme de protection, ce type de jupes apporte toutefois un poids légèrement revu à la baisse et un moindre besoin en ressource au détriment d'une fabrication plus longue.
Contrairement aux idées reçues, les Schürzen n'ont pas été développé pour protéger des obus à charge creuse. Cette rumeur vient de l' US Army, qui voyant les panzers équipés de jupes tirèrent les conclusions suivantes : soit elles servaient contre les fusils antichars soit contre les charges creuses. L'US Army n'utilisant pas de fusil antichar ( au profit des nouveaux lance roquette antichar Bazookas ), c'est donc la deuxième solution qu'elle a retenue et qui est restée dans les mœurs. Malgré tout, théoriquement les schürzen pourraient très bien contrer une charge creuse. Cependant, la rareté de ce genre de munitions, du coté Alliés comme du coté de l'Axe ne justifie pas l'emploi des jupes, et ce sont bien les fusils antichars qui sont ciblés.
Seuls cas particuliers, les Tigres I et II ainsi que leurs dérivés (notamment les JagdTiger) se payent le luxe d'avoir leurs schürzen propres et boulonnés de série.
L'Armée Rouge reprit le principe lors de la bataille de Berlin en avril 1945 en soudant des sommiers directement sur ses chars pour lutter contre les panzerfaust et leur terrible charge creuse.
Après la seconde guerre mondiale, les Schürzen ont pratiquement disparu et seuls quelques chars ont repris le système comme le char anglais Centurion ou le prototype T-44 soviétique sans jamais être utilisés au combat. Cependant ils sont revenus au goût du jour dans les conflits récents au Proche et Moyen-Orient. Appelés filets anti-RPG (le RPG étant un lanceur de roquette antichar soviétique), ils sont directement inspirés des modèles "grillagés" allemands. Toutefois, leur véritable fonction dorénavant est la lutte contre les charges creuses, les fusils antichars ayant pratiquement disparus des conflits modernes, et leur architecture diffère quelque peu.
Dans ce domaine, c'est le char Israélien Merkava qui offre la meilleure protection puisqu'il associe des jupes rabattables montées à la "Panther" sur les flancs et des chaînes anti-RPG au niveau de la nuque de tourelle, partie particulièrement vulnérable d'un char de combat moderne.