A la fin des années 1960, l’industrie chinoise n’a donc pas à sa disposition les capacités techniques nécessaires au développement d’une nouvelle génération de matériels adaptés au relief du sud de la Chine. Bien que bénéficiant d’une masse contenue et des larges chenilles, le Type 59 éprouve bien des difficultés à se mouvoir dans les rizières et les marécages. Son poids l’empêche aussi d’emprunter les nombreux ponts qui surplombent les rivières et autres fleuves typiques du relief sud chinois.
Afin de construire un blindé répondant aux spécificités de l’Armée populaire de libération, les ingénieurs chinois décident de reprendre les plans de leur Type 59, et de tout simplement en réduire les proportions, en vue d’économiser de précieux kilos d’acier.
Les premières études du WZ 131 menées par Norinco débutent en 1958 à l’usine numéro 674. Le prototype, désigné 59-16, conserve un train de roulement à barres de torsion, toujours identique au Type 59, muni de galets de plus petit diamètre. En parallèle, l’épaisseur du blindage est diminuée. Cette cure d’amincissement n’est pas sans incidence sur la protection. La cuirasse est ainsi divisée par deux et atteint désormais 50 mm dans la partie frontale de la tourelle.
Les organes mécaniques internes sont également plus petits. Malheureusement, à cause de la réduction de sa taille, la boite de vitesse n’encaisse plus les 520 chevaux et le couple développé par le bloc 12 cylindres diesel. Les motoristes sont alors obligés de dégonfler son rendement à 430 chevaux à 1800 tr/min.
En outre, le moindre volume de la tourelle et la chasse aux kilos superflus ne lui permettent pas de maintenir la pièce de 100 mm d’origine, qui est remplacée par un canon de 85 mm à âme rayée. Ce dernier utilise des obus explosifs tirés à une vitesse initiale de 785 m/s, des obus perforants à 792 m/s, des fumigènes et des munitions à charge creuse à 845 m/s. Cette bouche à feu a une portée théorique de 12 200 mètres en tir indirect et 1870 mètres en tir direct. La portée utile se situe toutefois plus aux alentours des 1200 mètres, bien que l’absence d’optique de visée moderne abaisse fortement les chances de coup au but au-delà de 600 mètres.
Face à des véhicules légèrement protégés, ses performances balistiques sont loin d’être négligeables, avec 495 mm de blindage transpercés à 1000 mètres avec les obus à charge creuse et tout de même 360 mm avec un perforant classique. Néanmoins, dans un duel avec un engin moderne doté de blindage composite, ses capacités antichars sont considérées comme totalement insuffisantes. La cadence de tir s’établit à seulement 3 à 5 coups par minute, car l’étroitesse de l’habitacle gêne considérablement l’équipage.
Dans le but de restreindre encore le poids, nombre de composants sont supprimés. Ainsi, le canon de 85 mm ne possède pas d’optiques de tir infrarouges et de système de stabilisation du tube. Les tankistes chinois doivent ainsi composer avec un véhicule simplifié à l’extrême.
Il en découle donc une habitabilité encore plus mauvaise que sur le Type 59. De la même manière, les équipements de survie sont sacrifiés sur l’autel de la légèreté. Il fait donc l’impasse sur les système anti-incendie entre autre, mais garde toutefois la possibilité de créer un écran de fumée en injectant du carburant directement dans les tuyaux d’échappement.
Si le WZ 132 subit une importante baisse de sa puissance de feu avec son canon de 85 mm, son armement secondaire demeure conséquent, avec deux mitrailleuses de 7,62 mm et une mitrailleuse de 12,7 mm montée en antiaérien, situé face à la trappe du chargeur.