Dès 1928, l’Armée japonaise lance le développement de véhicules amphibies. En effet, la politique expansionniste de Tokyo prévoit des conquêtes par la force de nombreuses îles et autres archipels. Un débarquement sur les côtes est toutefois une opération périlleuse car, au moment de franchir les plages, les soldats sont à découvert. La moindre mitrailleuse bien embusquée peut bloquer un assaut et, sans arme lourde, la réduire au silence peut entraîner de lourdes pertes voire un échec de l’opération.

Les militaires japonais conceptualisent alors le principe d’un blindé amphibie capable de rejoindre par ses propres moyens le lieu du débarquement pour y appuyer l’infanterie face aux points d’appui ennemis. De ces études naissent plusieurs véhicules comme le SR-II, le Type 1 Mi-Sha ou le Type 92 A-I-Go. Certains ne dépassent pas le stade de la planche à dessin, d’autres, comme le Type 92 A-I-Go, sont produits à seulement deux exemplaires. Néanmoins, il ne s’agit pas pour le moment d’élaborer une machine de série, mais de défricher technologiquement un concept pour le moins difficile à mettre en œuvre.

Ce n’est qu’en 1940, lorsque la Marine Impériale reprend le programme à son compte, qu’une étude viable est entamée. Il est vrai que la perspective de débarquement sur des îles du Pacifique nécessite de disposer de matériels spécifiques. Les ports dotés d’équipements sont généralement solidement défendus et les Japonais sont obligés de trouver d’autres zones afin de débarquer leurs fusiliers marins. En outre, une fois parvenues dans l’arrière pays, les troupes nippones risquent d’avoir besoin d’engins apte à les suivre sans se faire bloquer par le moindre cours d’eau.

Le char léger Type 95 Kyu-Go ( ou Ha-Go ) est alors pressenti pour une conversion en véhicule amphibie. Dans un premier temps, il est équipé de flotteurs remplis de kapok, une fibre très légère se caractérisant par son imperméabilité et son imputrescibilité. Placés à l’arrière, deux moteurs de hors-bord assurent sa progression sur l’eau. Les premiers tests ne s’avèrent pas concluant car l’engin est peu manœuvrable. Cet aménagement est alors abandonné au profil d’une nouvelle architecture donnant au Type 95 une bonne flottabilité.