A la sortie de la première guerre mondiale, les nations européennes sont les seules à réellement maîtriser à la fois l’assemblage des chars de combat et leurs tactiques d’emploi. Certes, les concepts sont nouveaux et les errements de la pensée militaire nombreux, mais, faute d’alternative, les autres armées imitent largement des théories développées par l’Angleterre ou la France, car leurs états-majors respectifs jouissent de solides connaissances dans ce domaine. Les leçons tirées n’ont pas toujours abouti à des engins ayant une réelle valeur opérationnelle, cependant, dans les années 1920, les pays voulant se doter de blindés afin d’équiper leurs forces mécanisées n’ont pas le choix et doivent partir des réalisations du Vieux continent. Le Japon n’échappe pas à cette réalité.
L’effort de mécanisation de l’Armée impériale se porte dans un premier temps sur des automitrailleuses plus faciles à construire et à conduire. Toutefois, leur train de roulement doté de pneumatiques est plutôt adapté aux routes plus ou moins bien revêtues, et elles ne peuvent donc être déployées efficacement en Mandchourie, où l’empereur Hirohito souhaite étendre son influence. L’absence d’un réseau routier digne de ce nom et le rude climat de la région rend obligatoire l’emploi de véhicules munis de chenilles.
Après guerre, 2 types de chars sont disponibles : les moyens et les légers. Cette dernière catégorie est la plus intéressante, car elle ne nécessite pas un savoir-faire trop pointu. La réalisation de cuirassés lourds, comme le FCM 2C français, reste l’apanage des pays dotés d’un potentiel industriel conséquent. Les «jeunes» nations, à l’exemple du Japon, n’ont pas les moyens techniques de mettre au point des chenilles.
Sans réelle expérience dans ce domaine, Tokyo décide, à la fin des années 1920, d’aller faire son marché en Europe, auprès des armées qui ont déployé de manière intensive des chars. Le Japon choisit alors de tester dans un même temps le Renault FT-17 français et la tankette britannique Carden-Loyd Mark IV. Le premier, bien que représentant ce qui se fait de mieux techniquement à cette période, n’est pas retenu car trop étroit. La chenillette britannique est considéré comme satisfaisante mais ses mensurations ne conviennent pas non plus.
En 1929, la décision est prise de développer une version indigène, mais s’inspirant des machines anglaises, de manière à répondre aux besoins de la troupe. Le Type 92 Jyu-Sokosha, un char léger classé en tant que voiture blindée lourde, est alors conçu à l’intention de la Cavalerie. En parallèle, l’infanterie souhaite également se doter d’un tout chenillé susceptible d’effectuer des actions de reconnaissance ou de liaison entre les divisions. Par ailleurs, il doit être capable de fournir un appui feu aux fantassins, tout en tractant divers approvisionnements.