Un char d'infanterie classique


L'Infantry Tank est, comme son nom l'indique, conçu pour accompagner les troupes à pied. En vertu de quoi la vitesse n'est pas privilégiée. Sur le Churchill, le train de roulement est largement inspiré de celui du blindé français B1 Bis, dont les chenilles enveloppantes entourent la caisse, afin de favoriser le cheminement en tout-terrain. Dénuées de garde-boue, du moins au début, celles-ci comprennent 70 patins en fonte. Simple et bon marché, la suspension indépendante à ressort hélicoïdaux, monté verticalement, comprend 11 petits galets par coté, de manière à répartir au mieux la masse. Si ce système n'offre guère de confort en hors piste, il garantit par contre une bonne mobilité lorsque le paysage est retourné par l'artillerie. Au surplus, même avec quelques galets endommagés, la stabilité est préservée, étant donné que chaque système de suspension fonctionne indépendamment l'un de l'autre.

Démonstration de franchissement d'obstacle
Démonstration de franchissement d'obstacle

Pour que l'équipage puisse être à l'aise dans le compartiment de combat, un maximum de composants mécaniques a été logé à l'arrière. Le moteur est ainsi reculé le plus loin possible, les prises de ventilation sont, quant à elles, implantées sur les cotés du blindé et tournées vers le haut. Sur les modèles de début de série, ces prises étaient tournées vers le bas, et avaient tendances à aspirer des feuilles mortes et autres saletés, occasionnant de nombreuses casses moteurs. Cette architecture permet également d'aménager deux trappes d'accès sur les flancs, offrant à l'équipage des ouvertures en cas d'évacuation précipitée.

Le moteur constitue l'un des points faibles du Churchill. Ce 12 cylindres réalisé a partir de deux moteurs de 6 cylindres couplés ne parvient à peine à une puissance de 350 cv. C'est bien insuffisant pour garantir un bon rapport poids / puissance. Les 40 tonnes du blindé arrivent péniblement à la vitesse de 26 km/h. Pour un Infantry Tank, cette valeur est tout à fait convenable. Cependant, l'expérience de la campagne de France a prouvée que ce type de blindé était devenu obsolète sur le champs de bataille. Faute de temps, les anglais sont néanmoins condamnés à poursuivre dans cette voie. L'A22 est le seul blindé à pouvoir être construit dans un délai assez court.

Sa faible vitesse maximale le pénalise stratégiquement et rend interminable les trajets de liaison
Sa faible vitesse maximale le pénalise stratégiquement et rend interminable les trajets de liaison

Pour diminuer la fatigue du pilote, le poste de pilotage est pourvu de gouvernes hydrauliques. Contrairement aux autres blindés, le conducteur n'agit pas sur des leviers de direction, mais sur une barre horizontale dotée de deux poignées verticales. Dans un même ordre d'idée, un système de direction aide le pilote à faire varier le rayon de braquage du virage en fonction du rapport engagé. Plus la vélocité est faible, plus le virage est serré. AU point mort, l'A22 est en mesure de faire demi-tour quasiment sur place. En outre, ce mécanisme diminue sensiblement la perte d'énergie lors de ces manœuvres.

La masse de l'A22 entrave considérablement son aptitude à se porter rapidement sur une zone donnée du front. De plus, trop lourd, tous les ouvrages d'art ne lui sont pas accessible. Le franchissement de coupures humides est ainsi très pénalisante tactiquement parlant. Le châssis étant assez lourd, la tourelle moulée est d'envergure réduite de manière à ne pas alourdir encore le blindé. Grâce à son moteur électrique, elle effectue une rotation sur 360° en moins de 15 secondes.

Utilisé en grande quantité, le Churchill n'en reste pas moins impressionnant
Utilisé en grande quantité, le Churchill n'en reste pas moins impressionnant

Dans le cadre de la coopération franco-britannique, le War Office laisse, dès 1940, le soin aux firmes françaises de concevoir l'armement des futurs chars de combat. Par la suite, des canons de 47 mm et 75 mm doivent être livrées. Hélas, la défaite de l'Armée française remet tout en cause. Les britanniques sont alors obligés de récupérer les vieilles pièces d'artillerie et le canon de 40 mm, qui sans être surclassé, ne possède plus de marge de manœuvre.

Dans la tourelle, les nombreuses fentes de vision et les optiques de qualité contribuent à un repérage aisé des cibles par le pointeur et le chef d'engin, du moins quand l'A22 est à l'arrêt car, faute de garde-boue, des nuages de poussière se soulèvent devant leurs yeux à la manœuvre. Le pilote n'est pas mieux loti, puisque son champs de vision est en plus obstrué par les hautes chenilles. La trappe du chef de char est rotative, mais n'est pas installée dans un tourelleau. Ainsi, le chef de char ne bénéficie que des deux épiscopes pour l'observation.

Exercice de débarquement pour les blindés de sa Majesté
Exercice de débarquement pour les blindés de sa Majesté

Afin de faire face aux défenses ennemies, la cuirasse frontale du Churchill atteint les 101 mm d'épaisseur, le rendant particulièrement difficile à neutraliser. Comme dans le B1 Bis français ou KV-1 soviétique, les équipages sont à l'abri de la majorité des canons allemands, et seuls les canons de 88 mm ou de 105 mm en tir tendu sont capables de réduire le char britannique au silence.


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