Au cours du mois de février 1941, l’état major de l’US Army, des officiers de l’US Air Force et des représentants de l’Arme Blindée américaine sont conviés à une conférence extraordinaire sous la présidence du major-general Wesson, responsable de l’Ordnance Department. A l’ordre du jour, la mise au point d’un char aéroporté.
Les discussions deviennent rapidement houleuses car peu nombreux sont ceux qui semble croire au réalisme d’un tel projet. Une pure ineptie selon certain ! L’US Air Force s’interroge également dans quel avion un char pourrait être embarqué. Cette dernière n’est pas du tout convaincue de la faisabilité d’une telle entreprise, d’autant que, selon elle, il n’existe tout simplement pas d’appareil capable d’accueillir un véhicule aussi lourd.
Malgré les discordes, un cahier des charges est tout de même rédigé. Ce dernier est strict sur les mensurations du blindé. Son encombrement doit être réduit au maximum pour pour s’engouffrer dans la soute d’un avion et surtout, ne doit pas peser plus de 6,8 tonnes. A titre de comparaison, le char léger M3 Stuart pèse 12,4 tonnes en ordre de combat. Tout doit donc être au plus léger sur le futur char aéroporté, protection comme armement. Toutefois, il est hors de question d’engager un équipage dans un char en «carton-pâte» et la limite de poids est revue à la hausse. Les ingénieurs disposent ainsi d’une infirme marge de manoeuvre de 400kg supplémentaire leur permettant de trouver le meilleur compromis entre poids et protection. La taille réduite de l’engin permet également de contenir la masse totale . En contrepartie, les 3 membres d’équipage sont installés dans un compartiment de combat à l’habitabilité très restreinte.
Le nouveau cahier des charges, prenant en compte la limite de poids à 7,2 tonnes est ainsi envoyé à 3 firmes spécialisées en conception de véhicules militaires, GMC, Walther Christie et Marmon-Herrington. C’est le projet de cette dernière qui est retenue.
Les ingénieurs élaborent ainsi un char de conception très classique. Baptisé T9, l’engin adopte la suspension Vertical Velute Spring, à ressorts hélicoïdaux verticaux, système qui s’impose progressivement comme la suspension standard des tanks américains.
Pour économiser du poids, le blindage frontal ne dépasse pas 25mm. Alors pour parfaire la protection, les ingénieurs utilisent les profils de caisse inclinés pour favoriser les ricochets. La tourelle est équipé d’un canon M6 de 37mm et d’une mitrailleuse 7,62mm placée en coaxiale. 2 mitrailleuses placées à l’avant du glacis complètent l’armement principal.
Le M22 Locust est propulsé par un moteur d’avion, en étoile comme la plupart des blindés américains, et développe 162cv. La puissance est même pourtant ultérieurement à 192cv pour encore accroître la vivacité du char léger. Pour favoriser sa mise en action lors de son atterrissage sur une zone de combat, le moteur est doté d’un système de préchauffage destiné à maintenir l’huile moteur à la bonne température lorsque le char se trouve en altitude. Par contre, l’équipage, lui, ne bénéficie pas d’un tel traitement de faveur.